Homélie du 7ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 11 février 2012La foi des porteurs
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L’évangile de ce dimanche nous montre Jésus en train d’accomplir sa mission : il est envoyé par le Père pour porter la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. Dans la maison où il se trouve il y a tellement de monde qu’on ne peut plus se frayer un chemin pour accéder à Jésus. Arrivent des gens qui veulent lui amener un homme paralysé. Marc nous raconte le stratagème qu’ils utilisent : ils montent sur la terrasse, découvrent une partie du toit et laissent descendre le paralysé devant lui.
Jésus, voyant leur foi, dit au paralysé : “Tes péchés sont pardonnés.” Comprenons bien, il ne s’agit pas de la foi du paralysé mais de celle des porteurs. C’est grâce à eux que cet homme est sauvé. C’est important aussi pour nous : quand le prêtre est appelé pour donner le sacrement des malades à une personne éprouvée par la maladie, cette dernière n’est pas toujours consciente. Bien souvent, elle n’est pas en état de comprendre ce qui se passe. Mais le plus important c’est l’attitude de l’entourage. C’est la foi et la prière des porteurs qui sauve le malade. Leur mission, notre mission à tous, c’est de l’amener à Jésus. L’apôtre Paul nous le dit à sa manière : “Portez les fardeaux les uns des autres.”
Et pourtant, si nous y regardons de près, nous voyons bien que cette foi des porteurs pose un problème. En amenant le paralysé à Jésus, ils s’adressent à lui comme à un guérisseur. Encore aujourd’hui, ils sont nombreux ceux qui courent vers ceux qui ont des pouvoirs. Aujourd’hui, Jésus voudrait nous inviter à faire un pas de plus sur le chemin de la foi. Il ne se contente pas de répondre à l’attente des hommes. Il a bien plus et bien mieux à donner. Il commence par le pardon (le “don par-dessus tout”) C’est ainsi que se réalise la prophétie d’Isaïe (1ère lecture). C’était l’annonce d’un monde nouveau pour les captifs en exil. Dieu leur donne son pardon gratuitement et sans mérite. La justice de Dieu c’est de pardonner.
Si Jésus commence par donner le pardon c’est parce que le péché est le premier de tous les malheurs. Le premier mal de cet infirme ce n’est pas d’être immobilisé par sa paralysie. Le plus grave c’est d’être cloué dans son mal intérieur. C’est vrai aussi pour chacun de nous. Nous pouvons être paralysés par la rancune, l’égoïsme, l’orgueil. Nous devenons alors incapables d’aller vers les autres, incapables d’aimer, de partager, de pardonner. Un geste de paix nous libèrerait, mais nous n’y arrivons pas. Oui, une fois ou l’autre, nous nous reconnaissons tous, dans ce paralysé.
C’est alors que nous pouvons nous demander qui sont nos porteurs. Nous n’en avons pas toujours conscience : quand tout va mal, il y a des personnes qui peuvent nous apporter à Jésus. Elles voient ce qui ne va pas bien dans notre vie ; elles souhaiteraient que nous soyons plus vivants et plus saints. Ces porteurs, c’est la famille, la communauté paroissiale, une communauté religieuse, un groupe de prière, des collègues, des voisins… En nous portant dans leur prière, Ils ont compris que le Christ seul peut nous libérer de nos péchés ; ces péchés paralysent la libre circulation de l’amour entre les hommes. Ils ratatinent les cœurs endurcis par l’égoïsme. Seul l’Amour peut vaincre le péché et redonner vie aux hommes.
Nous pouvons aussi nous reconnaître parmi les porteurs. Il y a, en effet, autour de nous des pécheurs paralysés qui ne peuvent pas se sauver eux-mêmes. C’est dans la prière d’intercession que nous les portons à Jésus. Ne craignons pas de nommer dans notre prière tous ces gens que nous voulons lui présenter. Nous souffrons tous de voir tant de haine, de guerres et de violences dans notre monde. Nous sommes désemparés devant tant de souffrances et de catastrophes. Tout cela, nous le portons dans notre prière et nous le remettons entre les mains du Seigneur. Pour lui, il n’y a pas de situation désespérée. A partir d’un mal, il peut toujours faire surgir un bien.
L’évangile de ce jour se termine par un appel : “Prends ton brancard et rentre chez toi.” C’est une manière de remettre les choses à leur juste place. Jésus ne veut pas que nous dépendions des objets. C’est eux qui doivent dépendre de nous. Jusque là, l’homme paralysé était dépendant de son brancard. Désormais, c’est le brancard qui est remis entre les mains de l’homme. Cette guérison c’est l’image de ce qui se passe dans le pardon : nous sommes libérés de ce péché qui paralyse notre cœur. Avec toute la communauté chrétienne, nous pouvons nous remettre en marche sur le chemin que le Christ nous a ouvert. Nous devenons disponibles aux appels de l’Esprit Saint. Ce pardon nous rend libres pour aimer Dieu car la santé de l’âme c’est d’abord l’amour de Dieu.
“Tous… rendaient gloire à Dieu en disant : Nous n’avons jamais rien vu de pareil.” Nous aussi, nous te rendons grâce Seigneur pour ton amour toujours présent et pour tous les bienfaits dont tu nous combles. Nous t’en prions, donne-nous d’en être les témoins émerveillés et actifs chaque jour. Amen
Sources : Revues liturgiques (Signes et Feu nouveau), Les entretiens du dimanche (Noël Quesson), Lectures bibliques du dimanche Albert Vanhoye)
A tous
Cette semaine, je serai absent. Je ne pourrai pas mettre vos commentaires en ligne avant vendredi soir. Je vous souhaite à tous une bonne semaine. P. Jean